Le protocole de Kyoto impose des quotas d’émissions de CO2 aux États et ouvre la voie à un marché mondial du carbone. Mais certaines failles juridiques permettent des transactions opaques, difficiles à réguler. D’importantes opérations financières échappent ainsi à la surveillance des autorités, favorisant l’apparition de réseaux structurés autour de la fraude.
Dans ce contexte, Grégory Zaoui occupe une position centrale, intervenant à des niveaux clés de l’organisation. Les décisions prises à cette période auront des conséquences durables sur le contrôle des marchés et les méthodes d’enquête en matière de criminalité financière.
Plan de l'article
- Grégory Zaoui, un visage méconnu derrière le scandale de la taxe carbone
- Comment un homme ordinaire est devenu une figure centrale de l’affaire
- Entre ambition, réseaux et failles du système : les clés de son ascension
- Ce que révèle le parcours de Grégory Zaoui sur les dérives financières contemporaines
Grégory Zaoui, un visage méconnu derrière le scandale de la taxe carbone
Le système des quotas carbone, mis en place à la suite du protocole de Kyoto, devait servir de levier pour réduire les émissions de CO2 en Europe. Mais la réalité a vite rattrapé l’intention : avec l’ouverture du marché, la fraude à la TVA a trouvé un espace d’expression inédit. C’est dans cette zone grise que Grégory Zaoui s’impose, discret mais décisif, dans l’un des détournements financiers les plus spectaculaires de la décennie.
Rien, a priori, ne distingue Zaoui du financier classique : il maîtrise le langage du marché, évolue sans fracas, loin des projecteurs. Pourtant, il orchestre dans l’ombre une escroquerie à la TVA sur les quotas de carbone d’une ampleur redoutable. Il comprend les failles, sait où appuyer, et s’entoure de profils complémentaires. Dans les milieux spécialisés, son nom résonne : les flux financiers entre la France et le reste de l’Union européenne portent sa signature.
Ici, les chiffres donnent le vertige : des milliards d’euros disparaissent en quelques mois. Derrière, un système de sociétés-écrans, une ingénierie financière sophistiquée, digne des plus grandes fraudes fiscales. Zaoui ne correspond à aucun cliché de truand : il avance masqué, méthodique, profitant de chaque faille du marché européen. Ce qui devait accélérer la transition écologique, la taxe carbone, devient à ses mains un outil d’arnaque d’une efficacité rare.
Comment un homme ordinaire est devenu une figure centrale de l’affaire
Grégory Zaoui a grandi en Seine-Saint-Denis. Ici, les trajectoires bousculent les lignes. Rien ne le prédestinait à entrer dans la finance, ni à côtoyer le grand banditisme. Il débute dans l’ombre, entouré d’une génération de jeunes de 20 ans où l’argent facile fascine, où l’on apprend vite à saisir les opportunités. Sur sa route, il croise des personnalités comme Marco Mouly, référence dans le milieu de l’arnaque, ou Mardoché Mouly, figure familière des salles d’audience de Paris.
La fraude s’installe sans tapage. Les acteurs du réseau rêvent de grandeur, mais gardent la souplesse des autodidactes. Ce qui distingue Zaoui, c’est sa capacité à évoluer à la frontière du système, à s’adapter à un environnement où la débrouille prime. Sa rencontre avec les milieux de la fraude à la taxe carbone marque un basculement : il devient l’un de ces personnages clés dans D’Argent et de Sang, au croisement de l’ambition et du risque.
Son ascension ne tient ni du conte de fées, ni du hasard. Elle s’inscrit dans un contexte où les failles réglementaires rencontrent l’audace d’une génération prête à tout tenter. Dans les couloirs de Paris, les rumeurs circulent, les enquêteurs peinent à cerner l’étendue de l’arnaque. Zaoui, lui, compose, ajuste, avance. Cette saga révèle une France où l’économie informelle se faufile sans gêne dans les circuits officiels.
Entre ambition, réseaux et failles du système : les clés de son ascension
La réussite de Grégory Zaoui dans la fraude à la TVA sur les quotas carbone est tout sauf le fruit d’une aventure solitaire. Son parcours s’explique par une capacité à nouer des alliances et à lire, mieux que d’autres, les faiblesses des institutions. Un cercle de proches gravitent autour de lui, parmi lesquels Marco Mouly et Mardoché Mouly. Ensemble, ils forment un réseau mobile, prêt à exploiter la moindre brèche du marché européen.
La stratégie du carrousel de TVA sur les droits à polluer s’appuie sur un schéma complexe, mais efficace. La Caisse des dépôts et consignations devient, parfois malgré elle, un maillon du dispositif, facilitant la circulation de fonds sans éveiller les soupçons.
Voici les méthodes qui ont permis au réseau de prospérer :
- Circulation rapide des capitaux
- Utilisation de sociétés-écrans
- Sauts de frontières au sein de l’Union européenne
Avec ce modèle, détourner des centaines de millions d’euros devient possible sans alerter les autorités dans l’immédiat. Les amendes, chiffrées en millions d’euros, ne rattrapent jamais l’argent déjà volatilisé. Ici, la réussite individuelle s’appuie sur une compréhension aiguë des rouages d’un système conçu pour la confiance, pas pour la vérification.
Des journalistes comme Fabrice Arfi ont mis au jour l’ampleur du dispositif et le rôle central de Zaoui. Son itinéraire illustre la frontière floue entre invention financière et absence de garde-fous.
Ce que révèle le parcours de Grégory Zaoui sur les dérives financières contemporaines
L’affaire Crépuscule, portée devant le tribunal correctionnel de Paris, dépasse le simple bilan comptable. Elle montre comment des individus comme Grégory Zaoui exploitent les failles réglementaires pour bâtir à grande échelle des systèmes d’escroquerie à la TVA sur les quotas de carbone. Le préjudice chiffré à plusieurs milliards d’euros questionne la capacité des institutions à suivre le rythme d’innovation des fraudeurs.
Zaoui ne ressemble pas aux figures classiques du banditisme. Il appartient à une génération de fraudeurs qui opèrent via des sociétés-écrans, profitant de la vitesse des transactions et des angles morts du contrôle transfrontalier. Le marché des droits à polluer, imaginé dans l’esprit du Protocole de Kyoto, devient alors la scène de fraudes fiscales massives. Les audiences au palais de justice tournent autour d’une question lancinante : où finit l’innovation, où commence la prédation ? Les amendes, parfois annoncées à hauteur de plusieurs millions d’euros, ne suffisent pas à combler les pertes.
Grâce à Fabrice Arfi, l’ampleur du système s’est révélée : fausses factures, transferts-éclair entre banques, usage d’intermédiaires répartis à travers l’Europe. Les différentes affaires, parfois appelées « marseillaises », se recoupent avec le dossier Crépuscule, mettant en évidence une contamination profonde des marchés par la fraude. La justice française se heurte à la plasticité de ces réseaux, où l’argent brouille toutes les frontières et dilue les responsabilités.
Face à ces révélations, difficile d’ignorer la fragilité des dispositifs censés réguler la finance internationale. On comprend alors que derrière un nom comme Grégory Zaoui, c’est tout un pan de notre époque qui s’écrit dans la marge, là où le sang et l’argent, la loi et l’audace, s’entremêlent sans toujours laisser de traces.